Dans son nouveau hors-série « Marcher en quête de sens » qui paraîtra pour le salon Destinations nature, l’hebdomadaire Pèlerin passe en revue quelques chemins de pèlerinage moins connus que ceux de Saint-Jacques-de-Compostelle, et qui réservent de belles surprises aux randonneurs et aux pèlerins. En voici un extrait.
1. Les chemins du Mont-Saint-Michel
Arriver au Mont-Saint-Michel par son flanc nord en traversant la baie, c’est déjà un moment magique. Mais lorsque cette traversée conclut une longue marche à travers le bocage normand, la joie du pèlerin est décuplée ! Depuis une vingtaine d’années, ces chemins montais ont retrouvé leur vigueur, et drainent de plus en plus de marcheurs. Grâce soit rendue aux membres de l’association Les Chemins du Mont-Saint-Michel, qui les ont ressuscités !
Itinéraires et nombre de kilomètres : 10 itinéraires (en tout, 3 600 km) convergent vers le Mont-Saint-Michel : au départ de Winchester/Portsmouth ; de Cherbourg ; de Barfleur ; de Caen/Ouistreham ; d’Amiens/Rouen ; de Chartres ; de Paris ; de Tours (en provenance de Saint-Michel d’Aiguilhe) ; de Saint-Jean-d’Angély ; d’Aulnay-de-Saintonge (ces trois derniers rejoignant la voie de Tours qui conduit vers Saint-Jacques-de-Compostelle)
Balisage : traits de peinture bleu cyan, accompagnés d’un macaron estampillé de la silhouette du Mont, de la coquille et du bourdon, emblèmes des pèlerins
Hébergements : en plus des hébergements classiques (camping, gîtes, chambres d’hôtes, etc.), possibilité d'accueils miquelots chez l’habitant (liste téléchargeable sur le site de l'association Les Chemins du Mont-Saint-Michel)
Carnet du pèlerin et certificat de pèlerinage : carnet du miquelot, diplôme du miquelot
Guides pratiques : différents guides décrivent les 10 chemins montais (s’adresser à l’association Les Chemins du Mont-Saint-Michel)
Contact : Les Chemins du Mont-Saint-Michel – Tél. : 02 31 66 10 02 – E-mail : [email protected] – Site : www.lescheminsdumontsaintmichel.com
2. Les chemins de saint Martin
Saint Martin, c’est l’apôtre du partage : un soir d’hiver 337, alors qu’il était en garnison à Amiens, il coupa son manteau pour en donner la moitié à un pauvre transi de froid. C’est sur ces valeurs du partage et de la fraternité qu’ont été créés ces chemins. « L’objectif est d’en faire des itinéraires exemplaires, éthiques, sociaux et environnementaux, des lieux d’échange entre les locaux et les passants autour de projets se structurant en relation avec l’homme et la nature », explique Antoine Selosse, directeur du Centre culturel européen saint Martin de Tours.
Itinéraires et nombre de kilomètres : 4 chemins en Touraine-Poitou : le chemin de l’Évêque de Tours (230 km), de Poitiers à Tours ; le chemin de Trèves, de Vendôme à Tours (130 km) ; le chemin de l’Été de la Saint-Martin, de Chinon à Tours (105 km) ; le chemin de Ligugé, de Ligugé à Candes-Saint-Martin (170 km). 4 autres itinéraires au long cours permettent de relier des villes liées à la vie ou au culte de saint Martin : Szombathely (Hongrie), Saragosse (Espagne), Trèves (Allemagne) et Utrecht (Pays-Bas).
Balisage : en Touraine-Poitou, bornes inspirées de celles qui jalonnaient autrefois les voies romaines ; pour les itinéraires au long cours, géolocalisation
Hébergements : en Touraine-Poitou, tous types d’hébergements (camping, gîtes, chambres d’hôtes, etc.) (liste sur le site du Centre culturel européen saint Martin de Tours)
Carnet du pèlerin et certificat de pèlerinage : passeport sur les chemins de saint Martin en Touraine-Poitou et pass eurocitoyen pour les chemins européens, délivrés par le Centre culturel européen saint Martin de Tours ; credenciale délivrée par la basilique Saint-Martin de Tours
Guides pratiques : guides sur les 4 chemins en Touraine-Poitou
Contact : Centre culturel européen saint Martin de Tours – E-mail : [email protected] – Site : www.saintmartindetours.eu
3. Le Tro Breiz
C’est une spiritualité bien particulière qui caractérise les chemins du Tro Breiz (ou Tour de Bretagne) : celle des moines venus de Bretagne insulaire entre les Ve et VIIe siècles, imprégnés du christianisme celtique, pour évangéliser l’Armorique (actuelle Bretagne). Le Tro Breiz invite à vénérer cinq d’entre eux (Pol Aurélien à Saint-Pol-de-Léon, Tugdual à Tréguier, Brieuc à Saint-Brieuc, Malo à Saint-Malo, Samson à Dol-de-Bretagne) et deux saints locaux (Patern à Vannes et Corentin à Quimper), qui furent les évêques primitifs de cette région. Il y a aujourd’hui deux manières d’effectuer le Tro Breiz : en collectif (une semaine de marche organisée chaque été par l’association Les Chemins du Tro Breiz) ou en individuel.
Itinéraires et nombre de kilomètres : boucle de 700 à 900 km (selon l’itinéraire choisi) autour de la Bretagne
Balisage : hermine noire sur fond blanc
Hébergements : tous types d’hébergements (camping, gîtes, chambres d’hôtes, etc.) (liste sur les guides), et quelques hébergements chrétiens
Carnet du pèlerin et certificat de pèlerinage : passeport du Tro Breiz et diplôme du pèlerin du Tro Breiz
Guides pratiques : 2 guides (éditions Coop Breizh et éditions François Lepère)
Contact : Les Chemins du Tro Breiz – Tél. : 02 96 13 78 02 – E-mail : [email protected] – Site : www.trobreiz.com
4. Les chemins de saint Gilles
Les chemins de saint Gilles, fidèles à leur inspirateur (surnommé « l’ermite à la biche »), invitent à retrouver les valeurs de l’humilité et de la simplicité. Les pèlerins viennent vénérer le tombeau de ce saint dans la superbe abbatiale de Saint-Gilles-du-Gard, l’un des joyaux de l’art roman, vers laquelle convergent toutes les voies : une dizaine dont la plus empruntée est la voie Régordane, du Puy-en-Velay à Saint-Gilles-du-Gard. Pour ceux qui veulent vivre une expérience spirituelle originale, l’association Les Chemins de Saint-Gilles propose également des marches en groupe d’une dizaine de jours.
Itinéraires et nombre de kilomètres : 240 km pour la voie Régordane, du Puy-en-Velay à Saint-Gilles-du-Gard
Balisage : en rouge et blanc pour la voie Régordane (GR®700)
Hébergements : pour la voie Régordane, tous types d’hébergements (camping, gîtes, chambres d’hôtes, etc.)
Carnet de pèlerin et certificat de pèlerinage : ils n’existent pas, mais les responsables de l’association Les Chemins de Saint-Gilles éditent un carnet avec différentes méditations
Guides pratiques : plusieurs guides sur la voie Régordane
Contact : Les Chemins de Saint-Gilles – Tél. : 06 86 89 70 87 – E-mail : [email protected] – Site : http://cheminstgilles.fr
5. Le chemin de Vézelay à Assise
C’est l’esprit de saint François qui souffle sur ce chemin : un esprit de paix, de dépouillement et de retrouvailles avec la nature. En reliant Vézelay (lieu de la première implantation franciscaine en France) à Assise, les pèlerins marchent donc en compagnie de ce saint au rayonnement incomparable… et tellement en phase avec notre époque ! « Ce chemin est non seulement un itinéraire de randonnée au long cours, confirme Dominique Olislaeger, l’un de ses fondateurs, mais aussi et surtout un pèlerinage vers la ville d’Assise, haut lieu spirituel habité par le souvenir du Poverello. »
Itinéraires et nombre de kilomètres : 1500 km (650 en France, 850 en Italie)
Balisage : le tau franciscain et la colombe de la paix
Hébergements : accueil fraternel chez 150 hôtes bénévoles
Carnet du pèlerin et certificat de pèlerinage : créanciale sous forme de livret et certificat de pèlerinage délivré à Assise par les frères franciscains ou les sœurs clarisses françaises, au monastère Sainte-Colette
Guides pratiques : topoguide de l’itinéraire téléchargeable sur le site de l’association Chemins d’Assise (accès codé réservé aux adhérents de l’association)
Contact : Chemins d’Assise – Tél. : 03 85 50 90 96 – E-mail : [email protected] – Site : http//chemindassise.org
6. La Via francigena
Au Moyen Âge, le pèlerinage vers Rome était, avec ceux de Jérusalem et Saint-Jacques-de-Compostelle, l’un des trois pèlerinages majeurs. La mise en valeur de la Via francigena empruntant le trajet suivi en 990 par Sigéric, archévêque de Canterbury, pour aller recevoir le pallium des mains du pape, permet à nouveau de se rendre à pied dans la capitale de la chrétienté pour s’incliner sur les tombeaux de saint Pierre et saint Paul. C’est la motivation majeure des pèlerins qui se lancent dans cette aventure.
Itinéraires et nombre de kilomètres : 80 étapes, plus de 2000 km (33 en Grande-Bretagne, 986 en France, 220 en Suisse, 1004 en Italie)
Balisage : petit pèlerin jaune portant un sac à dos, avec le drapeau européen
Hébergements : tous types d’hébergements (camping, gîtes, chambres d’hôtes, etc.) dont de nombreux hébergements chrétiens et accueils pèlerins
Carnet du pèlerin et certificat de pèlerinage : la credenziali del pellegrino francigeno et le testimonium délivré par le Saint-Siège ou l’église Saint-Louis-des-Français
Guides pratiques : plusieurs guides existent, même si aucun ne retrace le chemin en totalité
Contact : Fédération française Via francigena – Tél. : 06 80 67 03 53 – E-mail : [email protected] – Site : ffvf.fr
Et le dernier-né :
Les chemins de saint Colomban, un itinéraire en devenir
Ces dernières années, un pèlerin a défrayé la chronique : en 2014 puis en 2016, Simon Derache, jeune retraité passionné de marche, a enchaîné les deux chemins au long cours qui retracent la vie de saint Colomban. Le premier, appelé « chemin européen de saint Colomban » (3 200 km en 96 jours), relie Bangor (Irlande), ville où le saint reçut sa formation monastique, à Bobbio (Italie), lieu de sa dernière fondation où il décéda en 615. Il traverse l’Irlande, la France, la Suisse, l’Autriche, le Liechtenstein et l’Italie. Le second, le « chemin de l’exil de saint Colomban » (3 700 km en 102 jours), retrace le parcours que suivirent le moine et ses compagnons à travers l’Europe, de 610 à 613, lorsqu’ils furent chassés de Luxeuil : il relie cette ville à Bobbio en passant par l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche.
Mais Simon Derache n’allait pas s’arrêter en si bon chemin ! En 2017, il a ouvert le « Tro Breiz saint Colomban » (1 700 km) puis, en Irlande, le « Turas Columbanus » du Lienster (lieu de naissance de Colomban) à Bangor (1 100 km). L’ensemble de ces chemins colombaniens, entièrement numérisés, ont pris le nom de « Via Columbani ».
Peu de pèlerins accompliront intégralement ces itinéraires à pied, mais on peut en effectuer des portions à vélo, par exemple la piste cyclable « Eurovélo » n° 6 de Baumes-les-Dames (Doubs) à Nantes (Loire-Atlantique). Dans plusieurs départements de France (Haute-Saône, Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Seine-et-Marne), des circuits ont aussi été créés pour suivre les traces de ce grand saint, surnommé par Robert Schuman le « saint patron de tous ceux qui cherchent à construire une Europe unie ».
Rens. :
Les Amis de saint Colomban :
Retrouvez les responsables des associations chargées de promouvoir ces chemins sur le stand « Chemins d’étoiles / Pèlerin ». Et découvrez l’univers réservé aux chemins de pèlerinage sur le site de Pèlerin :
https://www.lepelerin.com/Pelerinages
